Les trésors de Hpa-An #2
Des paysages karstiques majestueux avec ces monts typiques du Sud-est asiatique, des ponchos de pluie pour affronter la mousson, des chemins boueux et ma chute à moto, nos yeux tout écarquillés face à l’immensité de la grotte de Sadan et notre émerveillement devant la beauté de la balade en bateau dans les rizières, voilà tout ce qui pourrait résumer cette première journée à la découverte des environs de Hpa-An. Pour cette deuxième journée d’exploration, mon barbu baroudeur et moi sommes partis sur les routes découvrir un champ de statues de Bouddha, un monastère trônant sur un pic rocheux au beau milieu d’un lac et des grottes toujours aussi grandioses et étonnantes… Vous nous suivez ?
C’est notre deuxième jour à Hpa-An et il est aux alentours de 8h30 du matin lorsque nous quittons la guesthouse à moto. Nous avons bien sûr pensé à prendre nos ponchos de pluie colorés au cas où même si pour le moment, c’est un grand ciel bleu et un soleil radieux qui nous accompagne. Nous filons sur la route en direction du Lumbini Garden situé au pied du Mont Zwekabin (appelé aussi Mont Zwegabin). Ce Mont, célèbre dans tout le Myanmar (il sert de décor a de nombreux films, clips et karaokés tournés dans la région) culmine à 722 mètres d’altitude. L’ascension, censée durer environ 2h lorsqu’on est en bonne forme, est apparemment assez rude mais la vue sur les environs depuis le sommet serait magnifique. Si vous voulez en voir plus et en savoir plus, je vous conseille de lire l’article de Brice sur son ascension du Mont Zwekabin car de notre côté nous nous sommes contentés d’explorer le jardin de Lumbini, situé juste en contrebas du Mont.
Ce jardin est en fait une immense étendue d’herbes folles (et hautes !) sur laquelle sont alignées de très nombreuses statues de Bouddha, qui, selon la légende, seraient au nombre de 1150. Habillées de robes couleur or, ces statues sont toutes identiques et offrent un spectacle assez irréel.
Bon je l’avoue, nous ne sommes pas follement impressionnés par ces alignements de Bouddha mais la balade reste néanmoins sympathique. Re-installés sur notre deux-roues, nous filons sur la route en direction de notre prochaine étape, le monastère de kyauk ka lat (aussi appelé Kyauk Kalap). Situé à une douzaine de kilomètres au sud de Hpa-An, ce monastère trône au milieu d’un petit lac artificiel avec pour toile de fond les pitons calcaires aux formes découpées. Les lieux sont splendides et assez surréalistes avec ce piton rocheux qui domine l’îlot et le monastère. Haut d’une trentaine de mètres, il est surplombé d’une pagode ce qui accentue davantage le petit côté mystérieux et surréaliste du site.
Pour accéder à la petite île, nous empruntons une passerelle de béton. En chemin nous croisons quelques moines, des enfants, des chats mais aucun voyageur ou touriste. Arrivés sur l’îlot, nous enlevons nos chaussures et partons explorer le coin pieds nus. Tiens, encore des chats, des très maigres, des gros et même des chatons ! Ils ne sont pas peureux et viennent se frotter contre nos jambes. Nous passons sous des manguiers bien chargés et immenses puis nous partons grimper les quelques marches de l’escalier sinueux qui nous séparent de la première petite pagode solidement accrochée sur les parois de ce piton rocheux.
Impossible pour nous de monter au sommet et d’accéder à la pagode qui domine le piton (escalier fermé lors de notre passage) mais nous apprécions tout de même la superbe vue qu’offre ce premier palier. Et quelle vue ! Au loin, là bas dans les nuages, les monts karstiques, les champs et les cultures, les rizières et ce lac artificiel qui entoure l’îlot. Une belle carte postale !
De retour en bas, nous reprenons notre moto et partons voir de plus près la grotte de Yathay Pyan (toujours pas de pluie à l’horizon malgré les nuages).
En bas des marches qui mènent à l’entrée de la grotte de Yathay Pyan, notre regard s’arrête sur ces statues qui défilent fièrement les unes derrière les autres et sur ces stupas dorés aux formes arrondies qui contrastent avec la roche calcaire et découpée qui les abrite. Nous remarquons aussi que nous ne sommes pas les seuls visiteurs puisqu’une belle bande de singes nous toisent du regard et veille à ce que nous restions sur le chemin. Pas d’agressivité de leur part mais on ne sait jamais… Pour la petite anecdote, Julien s’était fait piquer ses lunettes de vue par un petit singe chapardeur à Bali… Heureusement, le singe était gourmand, quelques bananes ont suffi pour que l’on récupère les précieuses lunettes !
En haut des marches, nous apprécions la superbe vue sur les environs. A contre-jour, les statues de Bouddha ne laissent apparaître que leurs silhouettes avec pour toile de fond les paysages sublimes de la campagne de Hpa-An. Au plafond on retrouve encore ces icônes de plâtre et d’argile représentant Bouddha. Nous croisons un couple d’amoureux assis l’un contre l’autre, à l’abri des regards. Nous les laissons tranquilles et partons explorer l’intérieur de la grotte.
En pénétrant un peu plus dans les entrailles de la grotte, nous nous retrouvons sous une voûte calcaire aux teintes verdâtres. L’eau qui goutte du plafond et le tintement de petites clochettes sont les seuls bruits qui nous entourent. L’ambiance est calme et apaisante. Lovée sous la voûte, entourée par une rangée de statues de Bouddha et protégée par ces petites icônes de Bouddha en plâtre et en argile collées contre les parois de calcaire, une pagode dorée trône au milieu de la grotte. Lever la tête et admirer ce lieu hors du commun donne le tournis !
Nous suivons un petit chemin qui part à l’arrière de la pagode et qui s’enfonce toujours plus dans la nuit. Julien, lampe de poche à la main, ouvre le chemin et je le suis prudemment. Comme dans les autres grottes, le sol est humide et glissant. Nous marchons quelques minutes à la lueur de la lampe puis nous apercevons un puits de lumière et un escalier. La magie opère lorsque, à travers une belle fenêtre naturelle formée par les rochers, nous plongeons notre regard sur un petit lac et des rizières. Ici aussi il y a un couple d’amoureux, en même temps le lieu est si romantique et à l’abri des regards…
La vue est belle mais le top du top de la plus belle vue à la sortie d’une grotte restera sans aucun doute celle de Sadan avec ce lac et ces roches karstiques, ce paysage de carte postale. Je crois que jamais je ne pourrais oublier cet émerveillement dans lequel j’étais lorsque j’ai découvert ce paysage…
Pour sortir de la grotte nous rebroussons chemin et repartons sur nos pas. Nous décidons de reprendre la moto et de partir en direction de la grotte de Kawgun. Il a dû pleuvoir lorsque nous étions dans la grotte car il y a de bonnes flaques sur la route. Je lève la tête, les nuages sont de retour et menacent de déverser leurs grosses gouttes de pluie. En chemin, à un croisement, concentrée pour ne pas glisser sur le bitume mouillé, j’ai comme une hallucination. Et je reste bouche bée, plantée là sur la moto en me demandant si ce que je vois est bien réel. Julien me demande ce qu’il se passe. Je lui réponds: ‘Tu vois pas l’éléphant là ?’ Il me dit: ‘Hein, quoi ?! Mais où ?!’ Je lève le bras et lui montre le camion garé sur le bas côté. L’éléphant est à l’arrière, attaché avec des cordes très épaisses des pieds à la tête. Il ne bouge pas, son regard est ailleurs. Et tous les deux, là, on hallucine. Je sais qu’il y a encore quelques éléphants sauvages au Myanmar, qui vivent dans les forêts tropicales loin des hommes, mais il y a aussi de nombreux pachydermes utilisés dans l’industrie du bois. Souvent capturés à l’état sauvage alors que cela est totalement illégal et dangereux, ils doivent tirer de très lourdes charges toute la journée. Cet éléphant qui reste là sans pouvoir bouger, là, juste devant nous, prostré et enchaîné, doit malheureusement faire partie de ces pachydermes esclaves de l’industrie du bois. Je n’ai pas eu le coeur de sortir mon appareil et de le prendre en photo mais cette vision surréaliste de cet éléphant emprisonné à l’arrière d’un camion, croisé au milieu de nul part, restera gravé dans ma mémoire…
Après ces émotions, nous arrivons finalement à la grotte de Kawgun (entrée 3000 MMK par personne). Nous avons à peine le temps d’arrêter la moto que nous devons nous mettre à l’abri puisqu’une bonne grosse averse de mousson s’abat sur la région !
Pour la petite histoire, Kawgun, c’est une grotte qui daterait du VIIème siècle. Beaucoup plus petite que les autres grottes de la région, elle n’en n’est pas moins époustouflante et cache des petits trésors. Sur ses murs, partout sur les parois rocheuses, on trouve des milliers et des milliers de petites icônes de Bouddha en argile, en terre cuite et en plâtre et ça, c’est très très impressionnant. Je n’avais jamais vu autant de petites icônes, autant de statues de Bouddhas, en haut, en bas, au dessus de nos têtes, derrière nous, devant nous, partout !
En lisant le Lonely Planet, on apprend qu’à cause des mines environnantes et des nombreux chantiers, Kawgun a perdu une bonne partie de ses petites icônes, décollées et fracassées au sol par les tremblements et vibrations causés par les explosions… Le fait d’imaginer la splendeur d’antan de la grotte tout en étant émerveillés, là maintenant tout de suite, par la beauté de la grotte et de ses murs nous donne le vertige !
Aller, je vous laisse savourer tranquillement les images de Kawgun, je suis sûre que, comme moi, vous aussi vous allez adorer ces petites icônes de Bouddha par milliers…
Kawgun marquera notre dernière étape dans cette découverte des environs de Hpa-An. Le soir venu, la chambre rendue et nos sacs sur le dos, nous reprenons un bus de nuit en direction de l’ancienne capitale, Yangon (5000 MMK par personne). C’est avec des images de cartes postales, de grottes, de statues de Bouddha, de lacs, d’éléphants et de chats que nous nous endormons dans le bus qui file dans la nuit.
Demain, une journée pleine d’émotions nous attend puisque nous sommes conviés à la cérémonie religieuse du mariage de mon amie birmane.
Dans le prochain article sur le Myanmar, je vous parlerais de notre rendez-vous manqué avec Mrauk-U, cette ancienne capitale du royaume du même nom. Vous le verrez, je pense qu’elle et nous, nous nous sommes ratées de peu…
Ces photos sont magnifiques ! Bon, et sinon, il y a plus de chats et de singes que de serpents en Birmanie, c’est bien ça ? 😉
Merci Céline ! Oui c’est ça, tu as tout compris, en Birmanie, il y a plus de chats et de singes que de serpents et d’araignées ! lol
Magnifique ! cette destination me donne de plus en plus envie
Merci Justine pour ce petit commentaire 🙂 Si ce pays te fais rêver, il faut foncer !!!