Nouvelle-Zélande – Quand la terre tremble à Wellington

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Cela fait maintenant deux mois que j’ai posé mes valises dans la petite capitale néo-zélandaise. Pour mon premier article 100% kiwi, j’avais dans l’idée de vous faire découvrir Wellington et de vous parler de ma nouvelle vie ici mais le tremblement de terre du 14 novembre dernier est venu bousculer mes plans…

Avant mon départ de France, je savais que le pays des kiwis était aussi le théâtre de nombreux tremblements de terre, bien consciente que la Nouvelle-Zélande était située sur la ceinture de feu du Pacifique, un arc de 40 000 km de volcans et de fosses océaniques qui ceint en grande partie le Pacifique. C’est ici que plus de 90% des séismes enregistrés dans le monde ont lieu. Les terribles images des dégâts subis par la petite ville de Christchurch suite au tremblement de terre de 2011 et le nombre terrifiant de victimes avaient alors marqué mon esprit… Depuis mon arrivée, j’avais bien senti la terre trembler à 2 reprises, à chaque fois durant la nuit et à chaque fois alors que j’étais dans mon lit, réveillée par une insomnie qui ne me quittait pas. Ces deux tremblements de terre n’avaient pas duré très longtemps, ils étaient bref et bien qu’ils aient réussi à me glacer le sang, je n’avais pas paniqué.

Mais le lundi 14 novembre 2016, aux alentours de 00h02, au fond de mon lit, toujours pas endormie, la terre s’est à nouveau mise à trembler mais dès les premières secousses, j’ai vite compris que ce tremblement de terre était beaucoup plus puissant que les autres…

 

Lundi 14 novembre 2016

00h01

Je suis dans mon lit, la tête sur l’oreiller, je n’arrive pas à dormir. Il a plu toute la semaine et tout le weekend. C’est d’ailleurs à cause de cette météo très capricieuse que nous avons dû, avec des copines, annuler notre weekend sur l’Île du Sud et notre randonnée sur le Queen Charlotte Track… Finalement, et parce qu’il fallait bien se remonter le moral, c’est avec un délicieux repas de crêpes salées et sucrées, des magazines, des films et des séries que le weekend s’est terminé.

00h02

C’est fou comme, en un instant, tout peux basculer. La minute d’avant je cherchais le sommeil et voilà que la minute d’après, je comprends que les secousses qui viennent à peine de commencer sont beaucoup, beaucoup, beaucoup plus fortes que d’habitude. J’entends les tintements de la vaisselle qui s’entrechoque, la maison en bois qui grince, qui craque. Je me lève d’un bond, ouvre la porte de ma chambre puis celle du salon. J’ai l’impression d’être sur un bateau malmené par les vagues, j’ai vraiment du mal à tenir debout. J’appelle mes colocataires, ils ne m’entendent pas. Je hurle, personne ne descend de l’étage. Je ne sais pas quoi faire, je suis perdue, je panique. La terre continue de bouger. Je me souviens des mots de mon colocataire qui me disait qu’en cas de tremblement de terre je devrais m’abriter et me cramponner à tout ce que je pouvais. J’essaie de me réfugier sous la table du salon mais l’espace est trop petit. Prise de panique, j’ouvre la baie vitrée du salon et me recroqueville sur moi-même au beau milieu du jardin… Assise dans l’herbe, je sens la terre bouger sous mon corps, je sens cette énergie monstrueuse qui fait tout bouger. C’est irréel mais on dirait des vagues, comme lorsqu’on navigue en mer sauf que là ce n’est pas la mer mais le sol qui bouge. On ne le remarque qu’après coup mais le bruit est assez impressionnant. Un espèce de grondement, comme le bruit d’une machine à laver en plein essorage…

00h04

Les secousses se sont arrêtées. Après le grondement du tremblement de terre, voilà que les alarmes rugissent à pleine puissance à travers toute la ville. On entend les premières sirènes des pompiers et celles de la police qui résonnent dans toutes les rues et à travers toute la ville. Les lumières des voisins s’allument une à une. Je suis toujours recroquevillée sur moi-même, là, en pyjama au milieu du jardin. J’ai du mal à respirer normalement, je n’arrive pas à reprendre mon souffle, mon corps tremble tout entier et je sens les larmes me monter aux yeux…

Il me faudra de longues heures pour me calmer. Des appels et des messages via Whastapp pour rassurer mon barbu baroudeur resté en France ainsi que ma famille et mes amis m’apaiseront un peu… Sur l’application Geonet, j’apprends que l’épicentre du tremblement de terre se situe sur l’Île du Sud, à 90km au nord-ouest de Christchurch et à 15km de profondeur. Le tremblement, au début annoncé à 7.5 de magnitude sur l’échelle de Richter, est ensuite réévalué à 7.8. A Wellington, la secousse aurait été enregistrée à 6.9. « C’est la secousse la plus importante dont je puisse me souvenir à Wellington » a même déclaré l’ancien Premier Ministre John Key quelques heures après le séisme.
Peu après les secousses, c’est une alerte au tsunami qui est lancé sur une grande partie de la côte est de la Nouvelle-Zélande. Une partie des habitants résidant dans les zones à risques, près de la mer, doit évacuer dans les hauteurs de la ville pour se protéger des éventuelles vagues. Finalement, plus de peur que de mal, l’alerte Tsunami est levée dans la journée mais des centaines de personnes ont passé la nuit dehors, sur les hauteurs, dans leurs voitures ou à la belle étoile.

Après le tremblement de terre, ce sont plus de 2500 répliques qui ont été enregistrées dans toute la Nouvelle-Zélande, certaines dépassant les 5.9 de magnitude sur l’échelle de Richter. Actuellement, la terre continue toujours de trembler de côté-ci du globe… D’après les scientifiques, il y a eu 2 tremblements de terre simultanés et ils ont été si puissants que les secousses ont rompu 9 failles tectoniques déjà existantes et en ont créé de nouvelles. Par endroit, la terre s’est littéralement ouverte et le fond marin s’est soulevé de plus de 2 mètres au dessus du sol. Difficile à croire mais lorsqu’on voit les images ci-dessous c’est très impressionnant…

Tous les spécialistes s’accordent à dire que le tremblement aurait pu être dramatique s’il avait eu lieu dans la journée, alors que les gens étaient au bureau, en ville. Lors du tremblement de terre de Christchurch en 2011, la première secousse passée, les gens s’étaient précipités dans les rues et lorsque la deuxième secousse frappa la ville, certains furent blessés ou perdirent la vie à cause des vitres qui avaient éclaté, des façades ou immeubles qui s’étaient écroulés. Depuis Christchurch et les 185 victimes du tremblement de terre, la Nouvelle-Zélande a énormément renforcé son travail sur la prévention des risques sismiques.
Dans la petite capitale néo-zélandaise où je vis, le tremblement de terre n’a fait aucune victime (il y a eu 2 morts dans l’Île du Sud, près de l’épicentre du tremblement de terre), seulement des dégâts matériel. Il y a encore aujourd’hui des bâtiments fermés au public dont les structures ont été fortement endommagées par le tremblement de terre et les très nombreuses répliques. En allant au travail, je passe tous les matins non loin d’un immense parking qui menace de s’écrouler. Les autorités ont bouclé un périmètre de sécurité tout autour de ce parking et ont ordonné l’évacuation des habitants résidant dans les immeubles mitoyens. Il devrait être détruit incessamment sous peu. Il faut savoir que tous les bâtiments recevant du public ont été inspectés minutieusement dès les premières heures du jour le 14 novembre dernier. L’immeuble dans lequel je travaille a ainsi été déclaré sans dommages structurels et sûr à plus de 75% contre les tremblements de terre. Certains immeubles construits récemment affichent quant à eux un taux de résistance de 100%.

 

Que faire en cas de tremblement de terre ?

earthquake

La consigne à suivre c’est « Drop, Cover, Hold » donc se baisser, se protéger sous une table ou sous un lit et se tenir fermement. Il est conseillé de se tenir à l’écart des murs de briques ou de pierres ainsi que des fenêtres et des meubles non fixés aux murs. Si vous en avez la possibilité, écoutez la radio pour vous tenir informé de l’évolution de la situation.
Si vous n’avez pas la possibilité de vous réfugier sous une table ou sous un lit, restez sous l’encadrement d’une porte ou sous toute autre structure porteuse. Il est fortement déconseillé de sortir à l’extérieur (conseil que je n’ai pas réussi à suivre à cause de la panique…) et d’utiliser les ascenseurs.
Il est aussi conseillé de ne pas téléphoner (sauf pour signaler une urgence médicale) car cela pourrait saturer les lignes téléphoniques et gêner l’organisation des secours.
Par précaution, il est préférable de savoir comment couper l’eau, le gaz et l’électricité de son habitation. Il n’est pas rare, après un puissant séisme, que des maisons et des quartiers entiers partent en fumée à cause d’une fuite de gaz.

Afin d’être mieux préparée en cas de gros tremblement de terre, j’ai investi dans un kit d’urgence Grab and Go, un sac à dos rempli de produits de premières nécessité.
Mon sac contient :

1-person-kit-old

  • Une trousse médicale d’urgence
  • Une lampe torche dynamo Radio + Sirène
  • Un couteau suisse + ouvre-boîte
  • Un sifflet multifonction 5 en 1
  • Deux gourdes de 500ml
  • Deux bâtons lumineux
  • Une couverture de survie
  • Un poncho de pluie
  • Deux masques en coton
  • Une paire de gants
  • Du ruban adhésif
  • Un gilet fluo
  • Des pastilles pour purifier l’eau x10
  • Un jeu de cartes
  • Des sac en plastique type ziplock
  • Un carnet et un stylo
  • Un paquet d’allumettes

Au boulot, mon employeur a également pris des dispositions et j’ai ainsi de gros bidons d’eau sous mon bureau ainsi qu’un sac d’urgence type Grab and Go similaire à celui que j’ai chez moi. Mine de rien, c’est assez rassurant de les savoir à portée de main.

Aujourd’hui le stress et la peur du tremblement de terre se sont estompés, le quotidien à repris ses droits et les habitudes sont vites revenues. Lorsqu’on vit quelque chose d’aussi stressant que ce séisme de 7.8 sur l’échelle de Richter, on se rend compte que l’on ne maîtrise absolument rien… Le seul maître ici, c’est la nature et c’est elle et seulement elle qui régie ses lois. Se rendre compte que l’on ne peux pas tout maîtriser, se sentir totalement impuissant face à la puissance de la nature sans pouvoir y faire quoi que ce soit est quelque chose d’extrêmement dur à vivre et à accepter. Mais quand on vit en Nouvelle-Zélande, sur cette ceinture de feu instable, on a pas le choix. Et puis il faut garder en tête que sans cette nature si puissante, sans ces tremblements de terre, la Nouvelle-Zélande ne serait certainement pas aussi belle…

10 Réponses à “Nouvelle-Zélande – Quand la terre tremble à Wellington

  • On sent encore la peur dans tes mots, ça a du être tellement choquant, surtout pour nous petits français à l’abri de beaucoup d’aléa… J’espère que ça ne se reproduira pas de sitôt et que tu apprécieras d’autant plus la suite de ton séjour :-*

    • Tu sais je sursaute encore quand il y a un nouveau tremblement de terre, j’ai l’impression que c’est le Big One à chaque nouvelle secousse ! Je ne suis pas sûre de pouvoir m’y faire mais je n’ai pas trop le choix vu que je vais rester ici au minimum 1 an ! lol Au plaisir de te voir ici très vite, j’ai hâte 😉

  • Super témoignage. J’espère que ma chambre n’a rien 🙂
    La bise depuis Rougemont

    • Hahaha Alex, non ta chambre n’a rien, pas de problème 😉 Merci pour tes encouragements !

  • Très émouvant cet article ! Tes mots et ta peur me font me rendre compte (enfin imaginer) l’impression d’impuissance lors d’un tremblement de terre…
    J’espère que ce sera très vite un mauvais souvenir pour toi !

    • Oh merci beaucoup Marie pour ton petit mot 🙂 Oui plus de peur que de mal mais je sursaute toujours autant dès qu’une nouvelle secousse se fait sentir… Et je ne suis pas prête de m’arrêter car ici c’est tous les jours !

  • Anne-Marie
    8 anspassé

    Je viens de découvrir votre blog. Merci pour le partage.
    Les photos sont impressionnantes et tout ce que vous avez ressenti.
    A très bientôt.

    • Bonjour Anne-Marie,
      Merci beaucoup pour votre petit mot 🙂
      Oui beaucoup d’émotions lors de ce tremblement de terre… Lorsqu’on ne contrôle rien, dur dur de garder son calme…

  • Kikou Marina,
    Lorsque j’ai appris que la Nouvelle Zélande avait subi un tremblement de terre, j’ai eu une réaction bizarre du style « woaaah un tremblement de terre » mais en te lisant je ne crois pas que c’est cool. je suis attirée par les éruptions volcaniques, les tornades, les tremblements de terre. Quelle serait ma réaction face à de tels phénomènes incontrôlables ? Je pense que le pire pour nous terriens c’est le tremblement de terre.
    Je te remercie d’avoir raconté ton expérience.
    Bises

  • Marie-Claude
    7 anspassé

    Bonjour Marina,
    Je découvre aujourd’hui votre blog et celui-ci me rappelle de mauvais souvenirs. En effet nous étions avec mon mari et mon fils à Wellington ce jour là et étions hébergés dans un appartement Wakefield street au 8e étage. Nous avons été réveillés à 0 H 02 et j’ai réagi aussitôt qu’il s’agissait d’un tremblement de terre. Nous avons dévalé les escaliers de l’immeuble pour attendre une partie de la nuit sur une place qui se situait en face. J’ai vraiment eu la peur de ma vie. Mais je crois, que malgré cela, je retournerai quand même en Nouvelle Zélande revoir nos amis. Le pays est tellement magnifique.
    Bises à vous

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