Jordanie | Première étape de notre roadtrip : Amman
Décembre 2019, nous partons pour un roadtrip en Jordanie dont la première étape est Amman.
La capitale du royaume hashémite, plus grande ville et porte principale d’entrée du pays, est une étape incontournable de tout voyage en Jordanie. Bâtie sur sept collines entre le désert et la vallée fertile du Jourdain, cette cité millénaire qui a vu défiler de nombreuses civilisations entre ses murs est, depuis toujours, considérée comme un centre culturel et économique important de cette région du Proche-Orient.
Autrefois occupée par les Ammonites, les Grecs, les Romains qui l’avaient alors rebaptisée « Philadelphia », puis par les Byzantins et les Ottomans, Amman est aujourd’hui une ville jeune et moderne où les vestiges antiques qui jalonnent la cité côtoient les marchés et souks traditionnels et où les mosquées coiffées de dômes en mosaïque bleue jouxtent des cafés et des galeries d’art branchés.
Cosmopolite et moderne, aux racines profondes et à l’histoire riche, Amman la « ville blanche » surnommée ainsi à cause de ses immeubles construits en calcaire blanc, mérite de s’y attarder quelques jours.
Petit tour d’horizon de nos incontournables à Amman.
La citadelle de l’ancienne Philadelphia
Perchée sur la colline Jabal al-Qala’a, l’une des 7 collines de la ville, la citadelle de l’ancienne Philadelphia est un monument emblématique d’Amman. En plus d’offrir une série de vestiges archéologiques, la citadelle livre un panorama incroyable sur la ville aux façades de calcaire blanc. Sous nos yeux, la ville basse, les collines, l’amphithéâtre romain, le dédale des ruelles, les fresques géantes et colorées peintes ça et là sur les murs, les mosquées et leurs minarets et l’immense drapeau jordanien qui flotte avec majesté sur la capitale.
Les premiers vestiges qui se dévoilent sur le plateau de la colline Jabal al-Qala’a sont ceux du temple d’Hercule. Érigé sous le règne de l’empereur Marc Aurèle au second siècle après J-C, le temple permettait aux Romains d’y vénérer leur demi-dieu Hercule, l’homme aux 12 travaux. Aujourd’hui ne subsistent que quelques colonnes, un morceau de linteau et des fragments d’une main et de pieds d’une gigantesque statue qui devait trôner devant le temple.
Selon les archéologues, une grande partie du marbre du temple d’Hercule aurait servi de matériau de construction à l’église byzantine voisine érigée au Ve ou VIe siècle. Un peu plus loin, la mosquée Omeyyade et le palais Omeyyade, érigés vers 720-730 sur le point le plus haut de la colline.
Le théâtre romain
Après avoir exploré le site le plus haut de la ville, nous redescendons du côté de la vieille ville et du théâtre romain. Creusé à même le Jebel El-Taj sous le règne d’Antoninus Pius (138-161), le théâtre romain pouvait accueillir jusqu’à 6 000 spectateurs. Avec ses gradins en demi-cercle, sa forme répond aux standards des théâtres romains de l’époque. Ainsi, qu’il soit assis au premier ou au dernier rang, le spectateur profite pleinement du spectacle.
Au coeur du théâtre entièrement restauré, des spectacles de danse et de musique traditionnelle sont parfois organisés en été pour le plus grand plaisir des spectateurs. Le théâtre abrite également aujourd’hui deux musées : le musée des Traditions Populaires et le musée du Folklore.
Darat Al Funun
Si vous êtes passionné par l’art contemporain du Moyen-Orient, Darat Al Funun est une escale incontournable. Dans le quartier résidentiel du Djebel Al Weibdeh, abritée dans l’une des plus anciennes maisons de la ville, Darat Al Funun (qui signifie « Maison des Arts » en arabe) met en lumière des artistes régionaux grâce à sa collection permanente, des expositions temporaires d’art visuel, des projections de films d’auteurs, des concerts, des lectures et des débats. Véritable lieu d’échange, la Maison des Arts abrite également une bibliothèque et reçoit des artistes en résidence.
Le street art
Je ne le savais pas avant d’y avoir été, mais la Jordanie est l’un des rares pays du Moyen-Orient à avoir légalisé et à financer le street art.
Au hasard des rues, à travers toute la ville et particulièrement à Jabal Al-Weibdeh et Jabal Amman, il n’est plus si rare de découvrir de superbes muraux colorés dépeignant la diversité culturelle de cette capitale cosmopolite mais aussi parfois des sujets encore tabous dans la société jordanienne comme le féminisme ou les droits LGBTQIA+. L’art de rue à Amman est bien plus qu’un ornement : il raconte des histoires de résistance, d’identité et d’espoir.
Grâce à leurs bombes de peinture et leur talent, les street artistes jordaniens et internationaux mettent tout en oeuvre pour éveiller les consciences et espérer provoquer de nouveaux débats.
Encore en plein essor, la ville compterait aujourd’hui plus d’une centaine de muraux, tous répertoriés sur la carte interactive développée pour le Amman Street Art Documentation Project.
La Mosquée du Roi Abdallah Ier
Érigée en 1989 en hommage au fondateur de la Jordanie moderne, la Mosquée du Roi Abdallah Ier est une prouesse architecturale qui ne laisse personne indifférent. Avec son immense dôme bleu turquoise décoré de motifs islamiques et ses deux minarets imposants, cette mosquée est un symbole de paix et d’harmonie. C’est l’une des rares mosquées du pays à être ouverte aux visiteurs non-musulmans, à condition de respecter un code vestimentaire approprié.
En franchissant ses portes, on se retrouve plongé dans une ambiance sereine. Les tapis rouges qui recouvrent le sol contrastent avec les mosaïques subtiles ornant le plafond. Un petit musée adjacent retrace l’histoire du roi Abdallah Ier et présente des objets liés au patrimoine islamique de la région.
Le Jordan Museum
Pour mieux comprendre la richesse historique de la Jordanie, une visite au Jordan Museum est indispensable. Ce musée moderne et interactif abrite des trésors archéologiques d’une grande rareté, dont les célèbres manuscrits de la mer Morte et la statue d’Aïn Ghazal, l’une des plus anciennes statues à forme humaine jamais découvertes.
Le musée propose une approche immersive de l’histoire, avec des sections dédiées à la préhistoire, à l’époque nabatéenne et aux périodes islamiques. Des maquettes et des expositions multimédias permettent aux visiteurs de visualiser l’évolution de la région à travers les âges. Chaque objet exposé raconte une partie de l’histoire fascinante de la Jordanie, des premières communautés agricoles jusqu’à l’ère moderne.
La coopérative des femmes d’Iraq el Amir
Située à seulement une vingtaine de kilomètres à l’ouest d’Amman, Iraq el Amir est une oasis paisible nichée dans une vallée verdoyante entourée de collines rocheuses. C’est ici que se trouve la coopérative des femmes d’Iraq el Amir. Ce projet unique allie empowerment des femmes rurales et promotion de l’artisanat local, offrant aux visiteurs une immersion authentique dans la culture jordanienne.
Créée en 1993 sous l’impulsion de la Fondation Noor Al-Hussein, la coopérative des femmes d’Iraq el Amir a pour mission de renforcer l’indépendance économique des femmes de cette petite communauté rurale. Dans une société où l’accès à l’emploi et aux opportunités peut être limité pour les femmes, cette initiative joue un rôle crucial.
Aujourd’hui, la coopérative regroupe une quinzaine de femmes, toutes issues de villages alentours. Grâce à ce projet, elles se forment à des métiers d’artisanat traditionnel et vendent leurs créations aux visiteurs et touristes de passage.
Les femmes de la coopérative sont devenues maîtresses de plusieurs savoir-faire traditionnels parmi lesquels la céramique et les poteries façonnées à la main et souvent décorées de motifs inspirés de l’histoire et de la nature jordanienne, les objets en papier recyclé, la broderie avec des textiles brodés à la main, perpétuant des motifs traditionnels bédouins et la production de savons artisanaux fabriqués à partir d’huiles locales, notamment l’huile d’olive agrémentés de plantes aromatiques.
Les produits vendus à la coopérative ne sont pas seulement de beaux souvenirs : ils soutiennent directement les femmes et leurs familles. En achetant leurs produits ou en participant à leurs ateliers, vous soutenez non seulement une économie locale mais aussi une initiative qui fait une différence tangible dans la vie de ces femmes.